Née en 1984 sous la forme d'un jeu de plateau, la franchise BattleTech - baptisée initialement BattleDroids avant que George Lucas ne fasse valoir ses droits sur le terme "droid" - est un univers d'une grande richesse et très populaire. Ayant connu de nombreuses déclinaisons vidéoludiques, sous le nom MechWarrior, la voilà ressortie du placard par le studio Harebrained Schemes et Paradox Interactive, qui ont décidé revenir à du tour par tour. Était-ce une bonne idée ? C'est ce que nous allons voir tout de suite...
Le jeu prend place en 3025 après J.C., bien loin de notre bonne vieille Terre. Mais pour autant, il n'est nul question d'extraterrestres. Comme toujours, les guerres se passent entre humains. Les hommes ont conquis une grande partie de la galaxie et cinq maisons dynastiques s'affrontent pour l'hégémonie. Comme l'expliquent les développeurs, il s'agit d'un Game of Thrones dans l'espace sur le plan des intrigues. Sauf qu'on ne résout rien à l'aide de combats à l'épée : on s'affronte à l'aide de mechas avec tout l'armement moderne que l'on peut imaginer. Cela dit la technologie employée n'est pas si futuriste que ça, en ce sens qu'elle stagne et même recule à cause de conflits perpétuels. Mais ça, vous aurez l'occasion de vous en rendre compte puisque le jeu vous détaille avec soin chaque fragment de l'histoire, notamment via de nombreuses cinématiques, toutes plus sublimes les unes que les autres. Notamment l'introduction, qui n'a rien à envier à celle de certains jeux AAA. Précisons tout de même que le jeu est entièrement en anglais, sans trace de sous-titres français. Un problème majeur pour les non-anglophones...
Un background solide
En début de partie, vous aurez l'occasion de créer votre personnage, lui choisir un portrait mais aussi et surtout un passé, comme on peut le faire dans un RPG. Et même si cela n'a pas un impact important sur votre progression, vous aurez aussi l'occasion de discuter avec certains PNJ (votre équipage) et de faire des choix durant vos dialogues. Mais très vite le fil directeur du scénario vous "libère" de toute contrainte et vous aurez l'occasion de visiter la galaxie pour effectuer les besognes pour la Reine légitime Kamea Arano, qui souhaite récupérer la succession du trône de son père suite à un putsch (du George R. R. Martin, on vous dit !). BattleTech vous submerge parfois d'informations sur le lore, à tel point que celui qui ne connait rien à cet univers se retrouve parfois surbmergé.
On ne peut que saluer le travail gargantuesque et le désir de bien faire de la part de Harebrained Schemes, mais soyons honnêtes : un non initié aura souvent l'envie ardente de presser le bouton "skip" des cut-scenes pour passer aux choses sérieuses. Le vice est poussé si loin que d'un simple effleurement de souris sur certains mots des dialogues, il est souvent possible d'avoir encore des informations supplémentaires sur les divers aspects scénaristiques du jeu. Si vous cherchiez la Bible de l'univers BattleTech, n'allez pas plus loin.
"Et en même temps..."
Vous êtes à la tête d'une compagnie de mercenaires, et comme vous le savez, c'est un métier qui coûte de l'argent. Votre "start-up" en mercenariat vous demandera donc une gestion complète de vos finances, et sans poudre de perlimpinpin, car tout a un prix dans le jeu. Un mecha en lui même coûte une petite fortune , et sa réparation ainsi que ses frais d'entretien vous coûteront un bras, si ce n'est un rein. Idem pour le salaire des joyeux lurons qui composent votre équipe et qui se saignent aux quatre veines pour effectuer des contrats pour le bien-être de la politique de la galaxie. C'est le coté Paradox Interactive du jeu, on ne peut imaginer un jeu développé ou édité par eux sans une bonne partie gestion.
Pour apporter un peu de surprise dans les phases de voyages spatiaux (voyage d'un contrat à un autre) divers événements aléatoires vont venir ponctuer votre aventure comme une bagarre entre plusieurs membres de l'équipage ou une attaque de pirate. "Vis ma vie de soudard", si l'on veut résumer. Une très bonne idée qui permet de rafraîchir entre les phases de batailles. C'est là qu'on en vient donc à l'essentiel : le combat.
Mech pas mal
Sachant le prix exorbitant d'un mecha et de sa réparation, on ne prend pas de risques inconsidérés sur le champ de bataille. Et ca tombe bien puisque tout repose sur un habile système de tour par tour qui permet de méditer chaque action. Au total, vous pourrez emmener avec vous 4 mechas avec chacun un rôle spécifique à jouer. Pour cette raison, il est nécessaire de mûrement réfléchir la composition de votre équipe. Les colosses d'acier sont répartis via un système de classes : léger, moyen, lourd et assaut (DPS). Tout devient alors une question de logique. Un mécha léger pourra servir à contourner l'ennemi ou à effectuer de la reconnaissance, tandis que les mechas lourds serviront de couverture, et ainsi de suite. Les pilotes possèdent des habilités spécifiques qui pourront servir directement en combat (réparation par exemple).
BOOM ! HEADSHOT !
Lors des combats, il faut aussi penser sans cesse aux faiblesses de ses mechas pour ne pas les exposer à l'ennemi. C'est là qu'entre en jeu le système de rotation qui offre la possibilité d'exposer la partie que l'on souhaite vers l'ennemi. Enfin, vous devrez aussi surveiller le refroidissement de votre réacteur à fusion, qui chauffe avec l'utilisation intensive de l'armement et qui peut engendrer des dégâts sur le moyen/long terme. Il faut imaginer votre robot géant comme une MG-42, celle-ci ne peut effectuer un tir continu sans surchauffer et il devient nécessaire de changer le canon après un certain temps.
Avec le temps vous allez apprendre à utiliser les tirs de localisation, qui permettent de viser les parties faibles de vos adversaires pour désactiver un ou plusieurs systèmes d'armements. Vous voulez mettre à terre rapidement un mecha ? Brisez-lui les jambes avec une roquette. Le combat est beaucoup plus profond que ce que l'on peut voir lors du tutorial, pour cette raison ne vous laissez pas trahir par celui-ci, il n'est pas vraiment représentatif d'une véritable rixe comme ce sera le cas un peu plus tard dans le jeu.
Enfin, nous noterons la grande qualité du "MechBay", un menu spécifique qui permet de modifier à souhait vos robots pour une personnalisation aussi poussée qu'intéressante. Chaque mecha peut porter son poids spécifique en armement selon son ossature, et il va falloir jongler avec son appareillage pour qu'il puisse se mouvoir correctement sur le champ de bataille. Bref, ca fera la joie des fans de micro-managements.
Un vent de fraîcheur sur le monde du jeu tactique
Coté tactique, les différentes maps sont conçues intelligemment avec une topographique intéressante pour jouer sur la verticalité. Pour autant, elles ne brillent pas spécialement par leurs directions artistiques, d'autant que le jeu est assez inégal en termes de technique. Si cela aura le mérite de tourner sur un PC dit "patate", ça sera aussi loin de se révéler un régal pour les yeux. Cela peut même devenir très moche, la faute à des textures très pauvres. Même si ça ne risque pas de vous gâcher l'expérience, ca jette un coup à l'immersion et on ne retrouve pas la joie d'un XCOM 2 (pour ne citer que lui dans le genre tactique), qui avait brillamment réussi à coupler intérêt de gameplay et beauté visuelle.
Le jeu, comme souligné plus haut, n'en reste pas moins intéressant à jouer, c'est un vrai vent de fraîcheur dans le monde du jeu tactique. Certes le mecha n'a rien d'exceptionnel en soi, mais le background propre à BattleTech permet d'avoir autre chose entre les mains que du combat pour du combat. Décidément, Paradox Interactive a le chic pour être impliqué dans les jeux de qualité.